19 novembre 2006

Maybe Airlines et Air Peut-être

Avant de commencer cet article, il faut que vous sachiez que l’avion est le moyen de transport le plus sur du Congo :
la route est impraticable et l’une des régions au sud de Brazza (le Pool) ne cesse de voir des bandes rivales attaquer les véhicules
le bateau n’est pas utilisable en aval du fleuve à cause des remous et autres rapides
le train met 24h pour parcourir 500km et il n’est pas fortement déconseillé aux voyageurs blancs, il est interdit ! Pour exemple, le directeur de X-oil est monté à bord pour accompagner une cargaison, arrivé à une trentaine de kilomètres de Brazza, on lui a dit : « il faut que vous descendiez, votre voyage s’arrête là »
Nous avons donc choisi de nous rendre à Pointe Noire avec la très célèbre compagnie aérienne TAC (trans air Congo). Il existe trois compagnies aériennes ici et c’est, paraît-il, la plus sure. La suite va vous démontrer que tout est relatif…
Avant de prendre l’avion, nous avons eu l’occasion de discuter avec des voyageurs habitués aux longs trajets et aux compagnies aériennes africaines. De manière générale, tous sont d’accord pour nous déconseiller de voyager avec des compagnies peu sures mais ils sont aussi d’avis que les voyages forment la jeunesse et que certains passages ne peuvent être évités…
Nous avons donc appris que pour fermer la « porte » de l’avion, il arrivait d’utiliser une masse, que les pistes d’atterrissage sont comparables aux routes locales et que certains vols peuvent connaître quelques soucis. Je me permets donc de vous raconter ce qu’il est arrivé à une collègue. Son avion était à destination du Bénin. Tous les passagers sont assis, mais l’avion ne décolle pas. Les hôtesses et stewards s’agitent mais aucune information n’est donnée aux passagers… Elle essaie de se renseigner, mais la réponse récurrente est : « restez assise madame, nous allons décoller… » Je vous passe les détails mais au bout de quelques heures d’attentes, elle commence à s’énerver et réclame des explications « ou je quitte l’avion !! » Finalement, on l’informe que les cuves sont trop remplies de kérosène et que l’avion est trop lourd pour décoller normalement. La tour de contrôle propose de vider les passagers, de faire un petit tour en l’air pour user du carburant puis de venir récupérer les voyageurs. Après 4 heures d’attente dans l’avion, s’en est trop, ma collègue demande à descendre de l’avion et à récupérer ses bagages ! En réalité, elle apprendra par la suite, qu’il y avait deux autres possibilités : vider les passagers et porter les bagages jusqu’à Cotonou puis revenir chercher les voyageurs à Brazza ou faire l’inverse (d’abord les passagers puis leurs bagages) mais que ce système ne pouvait être réalisé car l’une des personnes à bord transportait de l’or et ne voulait s’en séparer…

Courageux, nous souhaitons visiter Pointe Noire et sommes donc prêts à affronter les aléas des compagnies aériennes.
Mercredi 1er novembre, nous arrivons à 7h15 pour un vol qui doit décoller à 9h30. Nous n’avons que des bagages à mains et le mari de ma collègue s’atèle à faire la queue pour nous trois. Une heure plus tard, nous apprenons que l’avion est plein et qu’il faut revenir pour le vol du soir… L’homme de la situation décide de se mobiliser contre ce surbooking abusif. Il suit un couple et trois américains qui ont une conférence le matin même à Pointe Noire. Sans trop savoir comment, il se retrouve sur le tarmac, devant l’avion, en train de râler après la chef d’escale. La femme du couple promet de se jeter sous les roues si on ne lui trouve pas une place dans l’avion, les américains déclarent vouloir faire de même. Et finalement, 4 places apparaissent miraculeusement. Bon, les trois touristes dont je fais parti doivent revenir le soir mais Christelle (la chef d’escale propose de garder les billets pour nous faire une carte d’embarquement pour le soir même)
A 18h, nous voilà de retour à l’aéroport de Maya Maya et heureusement nos billets sont prêts. Nous passons le contrôle des bagages. Enfin, le détecteur de métaux ne fonctionne pas et on soulève à peine un pull pour voir l’intérieur de nos sacs. A croire que le terrorisme n’existe pas ici. Je ne peux résister à l’envie de faire un petit aparté, depuis le mois d’octobre, les règles en vigueur dans les aéroports européens ont changé. On ne peut plus transporter dans les bagages à main des bouteilles contenant plus 50 ml de liquide, autrement dit, rien ! Notre proviseur, revenant de Mexico, a fait quelques achats au Dutyfree: parfum, cosmétiques… Il a du tout laisser !!
Embarquement sur le tarmac et en montant dans l’avion, Christelle nous attend pour nous expliquer qu’en raison du dérangement causé, elle nous a réservé trois places en première classe. Assis dans nos fauteuils en cuir, nous observons les portes dont les coques en plastiques ont parfois disparues. En effet, on se demande comment la pressurisation de l’avion peut fonctionner en voyant la laine de verre non protégée… Mais il vaut mieux mettre les bagages là que dans les soutes, on n’est pas sur de les retrouver entiers à l’arrivée et il faut prévoir quelques heures et un peu de monnaie pour passer la douane !!
Avant le décollage, on nous rappelle les règles de sécurité en cas de problème, notamment que les appareils électroniques doivent être éteints pendant le voyage, notre voisin explique à sa compagne dans son téléphone : « chérie, je vais devoir te quitter on est en train de décoller… » L’avion n’aura pas encore toucher le sol que déjà il la rappellera : « chérie, je peux te parler, on est en train d’atterrir » Ah les portables !!
Pendant l’heure de vol nous profitons des magazines mis à notre disposition, ils sont bourrés de fautes (il y en a plus que dans mon blog, c’est dire!) et les blagues de Toto sont… très vulgaires ! Nous avons aussi droit à une petite collation. Un conseil : demandez de l’eau, les boissons sont ouverts depuis… le vol précédent. Autant dire que le coca n’a plus beaucoup de bulles…
Mais bon, le vol se déroula sans encombre, enfin juste quelques secousses.
Arrivés à Pointe Noire, nous découvrons un aéroport flambant neuf. Construit depuis bientôt deux ans, il est tellement neuf qu’on ne s’en est pas encore servi. Résultat, les voyageurs sont accueillis dans un hangar !
Le retour est aussi une aventure mais je vais essayer d’être plus brève… Arrivés au hangar d’embarquement, nous n’avons pas l’autorisation d’entrée car ce sont les premières classes uniquement qui peuvent passer. Finalement, nous accédons au hall d’accueil. Mais il est déjà plein : il y a tout ce monde en 1ère classe ? Nous commençons à faire la queue mais nous comprenons très vite que s’il l’on veut être de retour à Brazza pour la rentrée, il va falloir fonctionner au bakchich. Résultat même si cette solution nous déplait, car elle signifie que l’on est d’accord avec le système de ce pays déjà suffisamment corrompu, nous donnons 1000CFA pour passer devant les gens qui se refusent à utiliser ce recours. Nous continuons à faire la queue et nous en profitons pour observer les voyageurs qui crient, qui s’emportent, qui rouspètent, qui doublent… Nous regardons aussi les bagages qu’ils emportent. Il y a de tout mais ce qui nous marque le plus ce sont les poubelles et caisses plastiques que l’on ferme avec du gros scotch « chaterton ». Que peuvent-elles contenir. Par chance, enfin façon de parler, l’une d’elle est ouverte devant nos yeux, enfin nos nez aussi. Elle contient des kilos de crevettes ! Nous en reparlerons dans l’article sur la nourriture congolaise…

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Wahoo!!! Quelle aventure!! Faut apprendre la patience et la diplomatie pour prendre l'avion!! J'espère que tu vas bien!!
Bises
Magali

Anonyme a dit…

Bonjour !

C'est avec intérêt que je lis votre Blog, ayant moi même passé quelques mois en Afrique (Côte d'Ivoire) en coopération militaire il y a fort longtemps.
Les aventures de "Hélyette au Congo" sont en effet fort passionnantes, et nous en avons souvent un extrait à l'heure du café le matin au travail.

Les voyages forment le jeunesse et déforment les valises !

Christian

Anonyme a dit…

L'utilisateur anonyme est un collegue de bureau auquel je narre souvent tes aventures