23 octobre 2006

La situation en RDC et surtout à Kin

La situation s’aggrave de l’autre côté du fleuve. Les élections en République Démocratique du Congo (RDC) ne sont pas finies (il y a deux mois entre le premier et le deuxième tour !!). Résultat, l’ONU a mis la ville de Kinshasa en alerte 2 ou 3. Cela signifie que les étrangers qui ne travaillent pas (femmes et enfants surtout) doivent quitter la ville. L’alerte supérieure signifie « la guerre » ! Le premier ministre de RDC a d’ailleurs envoyé 5 émissaires à l’école pour inscrire son enfant en GS qui craque sous le poids des effectifs ! Vachement rassurant…
Tous les jours, se sont des nouvelles peu rassurantes qui nous viennent de l’autre côté du fleuve.
Il y a quelques semaines, ma collègue m’a proposé de venir vivre chez elle si au centre ville ça pétait…
Tout le monde fait des réserves en cas de pénuries. Une autre collègue connaît un militaire qui conserve des dizaines de kilos de riz et de pâtes (dans son congélo pour éviter les petites bêtes)
On nous annonce que près d’un million de réfugiés risque de traverser le fleuve… Or un million, c’est la population actuelle de Brazza… Le gouvernement commence à installer des camps.
Il paraît que les 2 bords (régime en place et opposants) se réarment en prévision des résultats.
L’élection a lieu dimanche 29 octobre, le temps de dépouiller, je serai peut être à Pointe Noire…
Je n’ai aucune preuve de ce que j’annonce mais ce sont les bruits qui courent par ci par là. Quoi qu’il en soit, la pression monte et l’inquiétude commence à venir chatouiller nos rêves…

Une semaine après les élections, je peux vous annoncer qu'il n'y a toujours rien de neuf mais cela est normal. Les résultats ne seront annocés qu'après le 18 novembre. Toujours est-il que les vacances de la Toussaint à l'école française ont été allongées d'une semaine et demi (trois semaines en tout) et que la majorité des expat' est rentrée en France ou se mettre à l'abri ailleurs. J'ai ouïe dire qu'une femme et ses 5 enfants logés chez une brazzavilloise...

Dernières news dans l'ex-pays de Tintin...
Kabila a été élu, Bemba a accepté de ne pas faire usage de la force et de faire parti de l'opposition. A part quelques incidents et donc quelques morts, la situation semble calme. Beaucoup disent que les kinois (habitants de Kinshassa) attendent que les journalistes internationaux aient le regard tourné vers une autre partie de la planète et que les observateurs de l'ONU aient quitté le pays, pour que ça pète...
Maintenant, je me méfie des "on dit que". D'autant plus que les seuls réfugiés qui ont traversé le fleuve sont les riches qui ont les moyens de payer! Et puis, j'ai aussi appris que le gouvernement a vidé les rues de la capitale en transportant 2000 jeunes à des milliers de kilomètres...
Mon chauffeur de taxi m'a expliqué: "je ne sais pas ce que croyais Bemba mais on n'a jamais vu en Afrique, un président organisé une élection et ne pas se faire réélire."
Bêtement, je lui demande comment le pouvoir peut changer de main et il me répond: "un coup d'état"
Vive la démocratie africaine!

Le lendemain, j'ai d'ailleurs entendu une petite phrase bien singlante sur RFI: "En Afrique, un président ne cède le pouvoir que du sang dans la bouche"
A bon entendeur...

Un match de foot au Congo


Depuis peu je me suis mise à la pratique du football avec mes collègues le samedi matin, je croyais voir naître en moi une nouvelle passion pour ce sport mais après le dimanche 8 octobre, je comprends que tout ça n’est qu’un mythe et que ce sport sera, pour moi, éternellement un mystère. Comment ce sport peut-il mobiliser autant d’enthousiasme, c’est vraiment sans intérêt ! Enfin, ne grillons pas les étapes, il faut que je vous explique comment j’en suis arrivée à cette conclusion…
Le sélectionneur de l’équipe congolaise a ses deux filles dans l’école. Il a donc fournit un grand nombre de places pour le match qui oppose la Congo au Tchad, match comptant pour la sélection à la CAN 2008 (coupe d’Afrique des nations, équivalent Coupe d’Europe pour ceux qui n’y connaissent rien)
J’ai donc obtenu une place à 5000 FCFA (=7,5€) Mes collègues me donnent rendez-vous chez eux pour que l’on s’y rende ensemble.
Arrivés au stade, une foule nous submerge, il y a des hommes partout certains avec un ticket, d’autres sans. Une partie est maintenue par la force, les CRS n’hésitant pas à taper de temps en temps avec leurs matraques, l’autre fait la queue. On peut d’ailleurs voir de longue chenille humaine à chaque entrée du stade.
Un de mes collègues parvient à se renseigner pour qu’on puisse rentrer, résultat nous coupons les vagues de foule en jouant des coudes et nous passons devant tout le monde… Autant dire que je n’ai pas l’air fière, c’est vrai que nos billets proposent de meilleures places que celle de la majorité des gens (les leurs sont à 0,75€) mais je ne comprends pas trop pourquoi ils nous permettent de griller tout le monde !
Résultat : nous nous faisons insulter par tous les spectateurs qui n’ont pas de place ou à qui on grille la priorité… Enfin, je ne peux pas traduire ce qu’ils disaient, je ne parle pas l’ingala mais cela ressemblait à des insultes, en tout cas « Moundélé » (le blanc) revenait souvent !
Nous parvenons à rentrer dans le stade, pas de fouille minutieuse, pas de fouille du tout, d’ailleurs… A quoi bon ? Tout le monde est gentil ici !! Surtout un supporter de foot dont l’équipe perd… !
Nous nous faisons guider pour trouver notre place (encore une façon de parler…). Après avoir fait le tour du stade en se faisant brailler dessus : moundélé, moundélé… Nous entrons dans les arènes. Quel mot merveilleux pour décrire le lieu ! Des milliers de personnes réunis autour d’une pelouse. D’après nos informations et nos calculs, le stade a une capacité de 25000 personnes, nous devons être 35000 ! Difficile de ne pas penser à Furiani. Il y a des gens partout : sur les barrières, sur les murs…
Maintenant, nous n’avons plus qu’un seul vœu, que le Congo gagne !!
Mais le match n’a pas encore commencé que le spectacle débute : un homme a moitié nu parcours le gazon en gesticulant dans les sens. Le public rie à gorge déployée en voyant cet énergumène mimait un penalty !
Dans les gradins, les gens dansent et chantent, la ola parcourt la foule à une allure vertigineuse. Mais voilà que des gens avec des drapeaux tchadiens rentrent près de nous. Le temps semble être arrêté. Tout le monde les regarde, les 5 moundélés du stade se demandent si cela ne va pas mettre le feu au poudre… Mais un de leur voisin leur explique qu’il s’agit en fait de congolais qui veulent gagner de l’argent… Par contre un peu plus tard, 5 femmes passent devant nous, elles sont couvertes de la tête au pied, enroulées dans leur tchador. Cette fois, ce sont des vraies tchadiennes et à nouveau on se demande si elles ne vont pas se faire attaquer… Pas d’incident, on n’est qu’au début du match…
Avant que les joueurs n’entrent sur le terrain, on se demande s’il y a des buvettes mais on arrive à la conclusion que les premiers travaux à faire à Mansaba Demba ne sont pas pour fabriquer des petits coins ou manger pendant les mi-temps mais bien des toilettes. Les odeurs d’urine remontent de temps en temps, c’est indescriptible et surtout intenable !
Bon, de manière générale, le match est sans intérêt, il ne se passe rien, les belles actions sont rares, le ballon sort sans arrêt, les gardiens semblent jouer dans la même équipe à se faire des passes… Au moment de la pause, je découvre, atterrée, que les arbitres sont raccompagnés par 6 CRS… On ne sait jamais…
Fin du match, le Congo a gagné 3/1, ils auraient pu les massacrer 10/0 mais là n’est pas l’essentiel, nous allons pouvoir quitter le stade sans heurts !
Cette petite excursion m’aura donc appris plusieurs choses :
- je n’aime pas regarder le foot
- un chant de supporter : tap, tap, tap avec les mains puis Pshuuit, Pshuiit en chassant les moustiques
- que j’ai eu beaucoup de chance, surtout quand j’apprends le match vécu par ma collègue d’anglais il y a un an !

PS: après information, nous étions 50 000 dans le stade de foot! Et la recette du match... envolée...

L'inauguration du mausolée de Savorgnan de Brazza



Grand nettoyage pour la fête de mardi prochain 3 octobre : certains ouvriers repeignent les murs de blanc mais en même temps, d’autres ouvriers coupent les manguiers, dont les branchages, feuilles et autres fruits murs tombent, avec fracas, juste à côté !!!
Une immense tente (enfin, juste le toit) est installée devant le palais présidentiel, on installe la clim dessous !!
L’Afrique équatoriale, la région du monde où décollent et volent des compagnies comme Maybe Airlines et Air Peut-être ! Le nom de ces avions vient du fait qu’ils sont souvent en retard voire même absent mais c’est aussi parce qu’ici tout n’est qu’incertitude !
Dernière en date, l’arrivée des restes de Savorgnan de Brazza dans la ville qui porte son nom.
Pour fêter les 100 ans de la mort de ce grand personnage, l’Etat a organisé un retour au pays de ses cendres. La date était fixée en octobre 2005, un an après, les célèbres restes arrivent enfin dans la capitale congolaise. 101 ans, ça fait aussi anniversaire. Normal, il a fallu négocier avec la famille italienne et la famille algérienne. Il a aussi fallu finir le mausolée gracieusement financé par la France et détourner « discrètement » un milliard de CFA !
Mais le grand jour est arrivé ! Grand chambardement dans la ville, comme je vous l’ai dit : on coupe, on balaie, on nettoie, on repeint, on grillage, on boucle des routes…
Du côté français, le doute subsiste : y aura-t-il classe ou non ? Ce week-end, on m’a appris que, contrairement aux infos données par les chauffeurs de taxi, ce mardi 3 octobre n’était pas décrété férié car le ministre ne peut pas faire chômer le pays entier pour un événement qui ne touche que la capitale. Alors lundi, on se résigne à faire des heures de bouchon pour arriver jusqu’au lycée. Mais un coup de fil inattendu est venu troubler ma quiétude. Vers 17h30 la CPE appelait tous les enseignants et tous les parents responsables de lignes téléphoniques, soit environ une soixantaine de personnes, pour leur annoncer que l’ambassade avait décidé de fermer le lycée le lendemain.
La ville était donc prête pour accueillir les cendres de Savorgnan et les gouverneurs du monde entier. D’ailleurs, beaucoup de rumeurs ont couru sur la célébrité française qui ferait le déplacement… Je vous parlais de Doust, mais certains chauffeurs de taxi rêvaient de Chirac et même Johnny !
Samedi soir, on croyait que c’était Jean-Michel Jarre qui avait fait le déplacement ! Son et lumière sur le mausolée !!! A des kilomètres à la ronde on voyait des lasers envahirent la nuit, la statue de Savorgnan enrobée (enroulée) dans le drapeau congolais était éclairée par une dizaine de faisceaux lumineux, le mausolée changeait de couleur comme les décorations de noël en France, une lumière semblait jaïre du dôme, des immenses enceintes propulsaient de la musique classique avec des envolées lyriques indescriptibles ! Le Maccumba était à Brazza ! Enfin, le Congo ne serait pas à la hauteur de sa réputation s’il n’y avait pas derrière tout ça un petit paradoxe : il semble que l’électricité « coule » à flot dans certains coins de la ville, ailleurs, c’est coupures sur coupures. Je pense d’ailleurs avoir participé à l’éclairage public pendant tout l’après-midi de samedi, car dans l’immeuble, nous étions branchés sur le groupe électrogène…
Le mardi 3 octobre est enfin arrivé. Outre le fait que je ne travaillais pas, la différence par rapport aux autres jours étaient marquées par l’absence de bruit dans le centre ville où je vis. Pour être honnête, les rues étaient aussi mortes que Savorgnan ! A la fois curieuse et opposée à la dépense de l’argent public pour des futilités (enfin façon de parler mais comme on me l’a dit récemment, il aurait mieux valu reconstruire l’hôpital et le nommer « CHU Savorgnan de Brazza » plutôt que de fabriquer un temple grec en plein centre ville !), je suis donc partie acheter mon pain et mettre les pieds dans le pèstacle !
Après un quart d’heure de marche, je ne compte plus les militaires en arme, il y en 2, 3 ou … 8 à chaque carrefour. Par contre, je ne croise quasiment pas de voitures : que la ville est calme ! Mais soudain, surgissant de nulle part : 4 foula-foulas (minibus de 9 places qui peuvent transporter une quinzaine de personnes « facile » mais je prendrai le temps de vous décrire les moyens de transport locaux un autre jour !). Donc 4 foula-foulas remplis jusqu’au toit passent devant moi et outre le bruit des véhicules, j’entend une musique et des cris venus des passagers, à moitié dedans, à moitié dehors. Ils portent tous un tee-shirt jaune à l’effigie de Savorgnan et se rendent à l’inauguration. Un peu plus loin, j’entends la sirène d’une moto de police. Ce deux roues précède un cortège de grosses berlines. L’un des passant à côté de moi m’explique qu’il s’agit du roi. J’en avais entendu parler : le roi officiel pour certaines ethnies et encombrant pour le gouvernement. Je n’en ai pas vu plus mais des chants et de la musique montait de la place de la mairie où une foule compacte s’y était rassemblée.
Le résultat : certains discours remarquables (notamment pour les dirigeants africains), une représentation française en dessous de tout (Doust envoyait des textos pendant la cérémonie), un spectacle unique mais bien caché, le 1er feu d’artifice tirait au Congo depuis… 20 ans ?

Les spécialités culinaires




Le saka-saka (une espèce de sauce/purée d’herbe)
le Ntété (un mélange de poissons séchés et de courges emballé dans une feuille)
Et … de la tortue !!!

Je ne vous parle pas des vers, chauve-souris et autres spécialités locales... J'attends de goûter!

A Brazza, on trouve surtout de la viande mais à Pointe Noire c’est un délice de poissons et crustacés… Pour vous donner l’eau à la bouche, je ne résiste pas à vous détailler nos menus sur places…
Mercredi soir à 23H, nous dégustions des pâtes aux crustacés. Le lendemain sur la plage, on dévorait des crabes farcis grillés et quelques brochettes de crevettes (photo ci-jointe). Le soir, nous dévorions des langoustes farcies grillées, au club pét. Il s’agit en fait du « club pétrolier » mais ça fait plus in de dire « club pet ». Seuls les travailleurs des grosses industries pétrolières (total et X-oil) sont autorisés à venir y manger (il faut un badge), mais en semaine, pas besoin de montrer pâte blanche, ils veulent remplir les tables !! (voir la deuxième photo) Le lendemain, un festin nous attendait à Jungle Kolor avec au menu du bar grillé et quelques accompagnements : pâtes, manioc, petits légumes, frites, patate douce, alloco (bananes grillées), jus de bissap, thé, petits biscuits… (ça c’est la troisième photo) Enfin, vendredi soir, on avalait de la sèche grillée !!

16 octobre 2006

prochains voyages...

La dernière fois, je me suis fait ramener par un américain. J’espère d’ailleurs le revoir : il est au Congo depuis 2000 et il a bossé 6 ans dans les parcs du nord… L’espoir de voir les gorilles ne cesse de me motiver à peaufiner mon anglais !!
Je pars en stage au Kenya au mois de décembre et pour les vacances d’hiver, avec ma collègue nous allons essayer de visiter un pays africain.

Ecole, commerce, même combat?


Mes collègues se lancent dans le commerce. En effet, l’une a une voisine qui s’occupe de poules, l’autre un voisin qui fait des arachides, Albert (l’homme à tout faire) passe au marché une fois par jour. Je repars donc fréquemment avec des plateaux d’œufs, des bouteilles remplies de cacahuètes, du pain… Je n’ai pas encore testé les surgelés !! Mais depuis peu, le tissu est en circulation, il faut maintenant trouver un couturier.

Ah... les maternelles!

A l’école, melting-pot parmi mes élèves : des français, des libanais, un congolais, un belge, une allemande, un burkinabé, une zimbabwéenne, un ivoirien !!

Ce matin, je suis arrivée en retard car je devais aller à l’ambassade. En passant le portail, je vois une quinzaine d’enfants courir vers moi, un sourire jusqu’aux oreilles : Maîtresse, Maîtresse… Mais où étais-tu ? Oh, Maîtresse Hélyette, tu nous as manqué !!!

10 minutes plus tard, un élève apprend les maths.
- « Combien y a-t-il de crayons ?
- 6
- non c’est soit un, soit deux
- 10
- Non, c’est un ou deux. Bon, je te montre : ça c’est le 1, ça c’est le deux. Combien y a-t-il de crayons ?
- Un
- Bien ! Où est-ce écrit ?
- Je sais pas…
- Ca c’est le 1, ça c’est le 2 ! Tu me dis qu’il y a un crayon, où est écrit le chiffre ??
- Je sais pas
Bon, inutile de vous dire qu’après 10 minutes, j’ai laissé tomber… On verra plus tard !

30 minutes après, EPS. « Quand vous avez mis vos chaussures, vous vous asseyez sur le banc. Qu’est-ce que tu fais debout, laisse les nacos tranquilles ! (les nacos, sont les fenêtres africaines, génial pour les grosses chaleurs mais une catastrophe pour les enfants : il s’agit de plusieurs plaques de verre qui tourne autour d’un axe horizontal)

- Alors, qu’est-ce que tu as dessiné ?
- Rose
- Oui, c’est rose mais qu’est-ce que c’est ?
- Rose
- Oui, la couleur que tu as utilisée est le rose mais qu’est-ce que c’est ?
- Rose
- Oui, j’ai bien compris, je le vois, c’est rose, qu’est-ce que c’est ?
- Traits roses
- Bon, merci.

Un petit clin d’œil aussi à un élève qui me dit : « c’est de la pâte à moundélé », au lieu de la pâte à modeler… Ici, le moundélé c’est le blanc. Avec Maé, le fils de 2 ans de ma collègue, cela aurait donné : « du caca de moundélé »

Le fleuve



Hier le fleuve coulait calmement, séparant la rive Kinshasa de celle de Brazzaville. Aujourd’hui, je découvre que son débit crée de forts remous et qu’il n’est pas accessible aux bateaux. Le seul moyen de se rendre à Pointe Noire : l’avion. Les routes ne sont pas en bon état, le train n’est pas sur et le bateau ne peut pas descendre le fleuve ! En tout cas, c’est étrange de voir que ce cours d’eau est à la fois un lieu de calme fascinant et de folie inattendue…

Les fêtes

Samedi : deux mariages passent devant chez moi ! Des clac sonnent en pagaille, des dizaines de taxis remplis à ras bord, des gens en belles tenues avec un mouchoir blanc qu’ils secouent par les fenêtres.
Veillée funéraire chez les voisins de l’école. En classe, les enfants demandent à la maîtresse de parler plus fort… Normal, à côté, pour dire un dernier au revoir à l’être décédé, on met la musique à fond (zouk, rap, tout est bon pour la prière). Il paraît qu’à la Toussaint, les gens vont sur les tombes des membres de leur famille pour manger, boire et faire la fête…
A propos de tombes, ici en sortant de la ville, sur la route du nord, on longe pendant des centaines de mètres les cimetières privés (de l’église du truc, de l’association des machins…)

Le protocole

Vendredi soir, repas chez Mami Watta (c’est le nom d’une sirène, mythe régional). C’est la troisième fois que j’y vais et c’est toujours aussi bon !!! Par contre, un petit changement au programme. A 21heures, arrivée de Madame la femme du président. Tout le monde est sur la brèche et au petit soin ! Même les toilettes des femmes sont condamnés, réservés pour Madame ! Une des serveuses est réquisitionnée pour passer un coup de serpillière toutes les deux secondes et prendre les serviettes pour les laver dès que quelqu’un s’en est servi. En partant, nous découvrons une demi-douzaine de militaires en faction devant le restaurant… Cool… !

Le sport

Premier entraînement de volley. J’ai finalement choisi de m’inscrire au tennis club pour y nager, taper un volant de temps en temps et faire du volley donc. Très bonne ambiance ! On rencontre des gens de plusieurs origines, bancs et noirs. Ca change… On joue sous les étoiles ! Par contre, entre terre battue, moustiques et chaleurs, on ressort très très crades !
Enfin, on attend encore qu’ils réparent le spot lumineux pour pouvoir jouer dans la nuit. Le deuxième soir, il y avait sur le terrain : une française, un congolais, un algérien, un russe. Je revis ma période Erasmus en Finlande.

La rentrée!

Lundi 4 septembre : rentrée des classes. 12 élèves sur 20 !!? Certains sont coincés au Liban mais beaucoup pense que ce n’est pas très important d’être là la première semaine. Moi, ça va encore, ma collègue nouvellement nommée se retrouve avec 7 élèves sur 16 de CM1/CM2, autant dire cours particuliers !
J’ai quelques petits monstres, je ramène souvent au calme, et je PERDS 20 minutes… eh oup’s nous utilisons 20 minutes de notre temps scolaire journalier pour apprendre à se mettre en rang !

La pré-rentrée

Samedi 2 septembre : prérentrée ! Le discours de notre proviseur est… inquiétant…. Non, rassurant… Non, sécuritaire… voilà, c’est le mot !!! Nous apprenons comment il faut réagir en cas de soulèvement de la population. Si on entend des coups de feu, on se retire dans les classes du bas (c’est le primaire on a de la chance !) et on attend l’évacuation en mettant des étiquettes autour du cou des enfants pour ne pas les perdre… Le prof de maths intervient en disant : « oui, enfin, en octobre dernier, on a quand même du emmener deux élèves à l’ambassade de France, sous escorte, sans l’autorisation des parents. »
Mais heureusement, notre proviseur détend aussitôt l‘atmosphère en expliquant qu’au premier étage le placo n’est pas assez solide pour faire face aux balles. Il lève la tête, nous en montre la preuve et rajoute : « une fois, alors que les inspecteurs venaient visiter l’école. Je leur montre un impact de balle au-dessus du bureau de la CPE en disant : regarder le trou de balle de Mme Dupond ! »

Installation



Lundi 28 août, passage à la cité pour acheter une moustiquaire et après plusieurs allers-retours jusqu'au magasin d'électroménager, j'ai enfin une cuisinière et un frigo qui fonctionnent !
Ce matin, j'ai visité l'école. J'ai une classe mini, pas de bureau pour moi ni de matériel (livres et jeux en voie de disparition...). Heureusement l'ATSEM est souriante et m'explique l'ancien fonctionnement pour que je m'adapte !
J'ai impression d'être un extra-terrestre à vouloir préparer ma rentrée avant samedi matin... Mais comme le dit le proviseur: « il ne faut pas s'inquiéter, tous les élèves ne seront pas là lundi et puis, on est à l'étranger, on fait au mieux avec ce qu'on a... »
Donc, je me rassure comme je peux même si franchement la maternelle commence un peu à me foutre les j'tons!!

De nouvelles activités de nouvelles rencontres...


Dimanche, j’ai fait ma première partie de golf. Le matin en observatrice et l’après-midi, je me suis attaquée à 8 trous sur 9. Je dois vous avouer que c’est assez plaisant et que les à priori tombent assez facilement. C’est sans doute parce que je me suis bien débrouillée ou alors que j’avais la chance du débutant avec moi ! Enfin, c’est peut être mon caddie, Destin, qui a vraiment assurait dans ses cours ! Enfin, pour ceux qui s’y connaissent, j’ai fait 3 sur le par au premier trou et ensuite 2, voire 1, sur le par ! Une championne est née ! Attention Tiger Wood !
Par contre, il y a quelques inconvénients… Enfin surtout un ! Une petite erreur tactique en fait, j’avais oublié de mettre des chaussures fermées. Résultat : une vingtaine de piqûres de moustiques à chaque pied et une vingtaine sur le reste du corps. D’ailleurs, je n’ai pas su s’il s’agissait de moustiques ou de fourous ! Ces derniers animaux ressemblent à des moucherons et ils ne piquent pas, ils mordent !!!

Premières impressions

Première nuit à Brazzaville. Bonne nuit. Je m’habitue sans souci à la vie ici, même si cela ne fait que quelques heures que j’ai posé mes pieds sur le sol congolais, je me sens bien. L’Afrique noire est ma patrie… Le proviseur m’a quand même prévenue que ce n’était pas comme le Burkina. Du peu que j’ai vu, je m’en suis rendu compte. Les gens tout d’abord. A l’aéroport, il semble y avoir moins de misère, les hommes ne nous poursuivent pas pour obtenir une pièce, ils acceptent quand on leur dit qu’on peut se débrouiller tout seul. Le coût de la vie, ensuite. C’est vrai que je suis dans un hôtel haut de gamme, rien à voir avec Bobo mais les prix sont bien supérieurs. Le petit déjeuner de ce matin m’a coûté 2500 F CFA, au Burkina, c’était le prix d’une nuit d’hôtel. Le climat enfin. Je n’ai pas encore testé l’humidité mais j’appréhende un peu…

Béatrice, la collègue que j’ai rencontrée hier, est passée me chercher le samedi matin pour faire le tour de la ville. Elle m’a montré où on fait les courses, elle m’a expliqué le coût de la vie, les activités à faire, l’ambiance au lycée… J’ai pu acheter une puce pour mon téléphone.
Puis le proviseur m’a emmenée à mon appartement. Si j’arrive à m’organiser, je pourrai y loger lundi soir. En effet, l’électricité doit être installée et le ménage fait dans la matinée, je dois d’abord acheter un matelas pour commencer à y vivre. Puis, il faudra un frigo et une cuisinière. Après la visite de l’appartement, le proviseur m’a emmenée manger.
Nous sommes allés dans un resto très classe. Notre table était à 2m du fleuve. La vue sur Kinshasa était magnifique et le repas européen m’a démontré que je trouverai toujours l’occasion, en cas de manque, d’avaler du français !!
On est passé en voiture à la Citée (le quartier des noirs). Ici, l’ambiance n’est pas la même qu’à Ouahigouya, il y a beaucoup moins d’enfants dans les rues. La pauvreté du Burkina ne se sent pas là où je suis allée dans Brazzaville. En fait, on voit surtout les traces de la guerre. Les murs sont recouverts d’impacts de balles, de temps en temps on voit des miliaires traverser la ville et tout à l’heure en déjeunant, sur le fleuve, une vedette est passée près de nous, à son bord un homme avec une mitraillette. Quand il y a des incidents de « l’autre côté » (sous-entendu à Kinshasa), il paraît qu’on entend le bruit des balles siffler et les explosions. En octobre, l’an dernier, le lycée a été fermé pendant une semaine à cause de problèmes dans Brazzaville. Je ne suis pas inquiète, il semblerait qu’en tant que français on soit bien protégé…

L'arrivée à la fin août 2006

Voici donc, le début de mon séjour raconté en quelques lignes. J'espère que cela ne vous paraîtra pas trop long et que vous penserez bien fort à l'Afrique!
Le 25 août, levés avant l’aube (3h30), mes parents et moi sommes partis pour Genève. 3h de route, 5 min pour se dire au revoir (j’embarquais dans la partie française de l’aéroport et la frontière n’est pas accessible aux personnes sans billet), 1h de vol pour atterrir à Paris, 30’ d’embarquement, 30’ dans un bus avant l’accès à l’avion, ¾ d’heure d’attente dans l’avion, 7h de vol et une heure pour passer la frontière, résoudre les problèmes administratifs, accéder à mes bagages et retrouver mon proviseur, attendant patiemment mon arrivée.
Sur le parking, il me présente à un professeur de français qui s’est mise en disponibilité cette année. Je me sens tout de suite intégrée à l’équipe, aux résidents français, à la vie ici. Ce n’était pas le cas avant, au contraire, je me sentais l’observateur des français à l’étranger… Dans le bus surtout, je voyais les familles françaises avec leurs enfants, ils discutaient de la vie au Congo et de la prochaine rentrée, j’écoutais, indiscrète, à la recherche d’informations sur l’inconnu qui m’attendait.
Mon proviseur m’a ensuite transportée jusqu’à l’hôtel hippocampe. Pendant la route, j’apprenais à apprivoiser le pays et ses habitants. M. Brassod me parlait du climat, de la politique, de la ville… Nous sommes passés à côté du centre culturel français, un énorme bâtiment, tout neuf, qui cache le seul cinéma de la ville. Je vais peut-être m’y rendre souvent… Nous avons longé le fleuve Congo. De l’autre côté, sur la rive si proche, les lumières de Kinshasa.

En guise d'introduction


Bonjour!
Ce petit blog est avant tout le moyen de communiquer plus rapidement avec vous et surtout de laisser vos boîtes mails un peu plus tranquilles. Comme ça, seuls les intéressés viendront lire de mes nouvelles.
Autre chose: c'est un formidable essai technologique!!

Pourquoi ce titre? D'abord, c'est H'ch'ment dur de trouver un titre sympa et ensuite, je me suis dit que mon objectif dans ce blog était de communiquer sur ce que je vois tous les jours, finalement, je ne vois pas grand chose de la terre mais un petit bout de planète quand même!
Et puis une dernière chose: tout ceci n'est pas toujours très objectif, la loupe veut être grossissante mais parfois elle est déformante!

Bonne lecture à tous!

PS: le blog mis en lien est celui d'une collègue, vous y triouverez une petite banque de photos qui appuiera mes commentaires!