23 octobre 2006

Un match de foot au Congo


Depuis peu je me suis mise à la pratique du football avec mes collègues le samedi matin, je croyais voir naître en moi une nouvelle passion pour ce sport mais après le dimanche 8 octobre, je comprends que tout ça n’est qu’un mythe et que ce sport sera, pour moi, éternellement un mystère. Comment ce sport peut-il mobiliser autant d’enthousiasme, c’est vraiment sans intérêt ! Enfin, ne grillons pas les étapes, il faut que je vous explique comment j’en suis arrivée à cette conclusion…
Le sélectionneur de l’équipe congolaise a ses deux filles dans l’école. Il a donc fournit un grand nombre de places pour le match qui oppose la Congo au Tchad, match comptant pour la sélection à la CAN 2008 (coupe d’Afrique des nations, équivalent Coupe d’Europe pour ceux qui n’y connaissent rien)
J’ai donc obtenu une place à 5000 FCFA (=7,5€) Mes collègues me donnent rendez-vous chez eux pour que l’on s’y rende ensemble.
Arrivés au stade, une foule nous submerge, il y a des hommes partout certains avec un ticket, d’autres sans. Une partie est maintenue par la force, les CRS n’hésitant pas à taper de temps en temps avec leurs matraques, l’autre fait la queue. On peut d’ailleurs voir de longue chenille humaine à chaque entrée du stade.
Un de mes collègues parvient à se renseigner pour qu’on puisse rentrer, résultat nous coupons les vagues de foule en jouant des coudes et nous passons devant tout le monde… Autant dire que je n’ai pas l’air fière, c’est vrai que nos billets proposent de meilleures places que celle de la majorité des gens (les leurs sont à 0,75€) mais je ne comprends pas trop pourquoi ils nous permettent de griller tout le monde !
Résultat : nous nous faisons insulter par tous les spectateurs qui n’ont pas de place ou à qui on grille la priorité… Enfin, je ne peux pas traduire ce qu’ils disaient, je ne parle pas l’ingala mais cela ressemblait à des insultes, en tout cas « Moundélé » (le blanc) revenait souvent !
Nous parvenons à rentrer dans le stade, pas de fouille minutieuse, pas de fouille du tout, d’ailleurs… A quoi bon ? Tout le monde est gentil ici !! Surtout un supporter de foot dont l’équipe perd… !
Nous nous faisons guider pour trouver notre place (encore une façon de parler…). Après avoir fait le tour du stade en se faisant brailler dessus : moundélé, moundélé… Nous entrons dans les arènes. Quel mot merveilleux pour décrire le lieu ! Des milliers de personnes réunis autour d’une pelouse. D’après nos informations et nos calculs, le stade a une capacité de 25000 personnes, nous devons être 35000 ! Difficile de ne pas penser à Furiani. Il y a des gens partout : sur les barrières, sur les murs…
Maintenant, nous n’avons plus qu’un seul vœu, que le Congo gagne !!
Mais le match n’a pas encore commencé que le spectacle débute : un homme a moitié nu parcours le gazon en gesticulant dans les sens. Le public rie à gorge déployée en voyant cet énergumène mimait un penalty !
Dans les gradins, les gens dansent et chantent, la ola parcourt la foule à une allure vertigineuse. Mais voilà que des gens avec des drapeaux tchadiens rentrent près de nous. Le temps semble être arrêté. Tout le monde les regarde, les 5 moundélés du stade se demandent si cela ne va pas mettre le feu au poudre… Mais un de leur voisin leur explique qu’il s’agit en fait de congolais qui veulent gagner de l’argent… Par contre un peu plus tard, 5 femmes passent devant nous, elles sont couvertes de la tête au pied, enroulées dans leur tchador. Cette fois, ce sont des vraies tchadiennes et à nouveau on se demande si elles ne vont pas se faire attaquer… Pas d’incident, on n’est qu’au début du match…
Avant que les joueurs n’entrent sur le terrain, on se demande s’il y a des buvettes mais on arrive à la conclusion que les premiers travaux à faire à Mansaba Demba ne sont pas pour fabriquer des petits coins ou manger pendant les mi-temps mais bien des toilettes. Les odeurs d’urine remontent de temps en temps, c’est indescriptible et surtout intenable !
Bon, de manière générale, le match est sans intérêt, il ne se passe rien, les belles actions sont rares, le ballon sort sans arrêt, les gardiens semblent jouer dans la même équipe à se faire des passes… Au moment de la pause, je découvre, atterrée, que les arbitres sont raccompagnés par 6 CRS… On ne sait jamais…
Fin du match, le Congo a gagné 3/1, ils auraient pu les massacrer 10/0 mais là n’est pas l’essentiel, nous allons pouvoir quitter le stade sans heurts !
Cette petite excursion m’aura donc appris plusieurs choses :
- je n’aime pas regarder le foot
- un chant de supporter : tap, tap, tap avec les mains puis Pshuuit, Pshuiit en chassant les moustiques
- que j’ai eu beaucoup de chance, surtout quand j’apprends le match vécu par ma collègue d’anglais il y a un an !

PS: après information, nous étions 50 000 dans le stade de foot! Et la recette du match... envolée...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'aime ce sport autant que toi, plus même depuis ce que tu écris dessus!!!
Magali